Pour les jardins d’Anne
Jean Portante
Dans le jardin du trop passer chante
l’oiseau neuf du secret. Là où finit l’arbre
ne commence pas l’herbe du naître mais
un miracle de manteau sur le chemin
du retour. manteau qui donne son ombre
à la scie des questions alors que sous l’herbe
se tapissent l’humide et l’espace et le temps.
le long dormir de l’arbre quand de l'obscur
surgit la branche qui sait lire dans les poitrines.
la fenêtre pluvieuse que promet la lumière
est le doigt nord de l’origine. n’est-ce pas là
que l’arbre finit pendu au doigt nord de l’origine.
Dans le jardin du trop passer dort un drap
étendu comme un j’oublie sur l’herbe.
s’arrêtera-t-il avant le déclin du dormir.
comment tremblera l’orchestre lumineux
quand seront vidés les instruments de l’avant
vivre. morceaux somnolents et visqueux un peu
comme l’avant parler ou le tunnel d’un silence
à l’autre. seau de naître et de mourir. est-ce
ainsi que se calmera la mémoire prête qu'elle
est à accueillir ce que le vent ne cesse de semer:
à perte de vue les fleurs cicatrisées de l'ombre
commune ou le lent jardinier qui arrose les mots
...