Clémence d'un jardin
Tita Reut
Croître
est un faisceau vertical
qui n’a pas d’autre direction
que les pôles
Les bêtes dont nous sommes
interprètent les points cardinaux
La terre jette la vie par tous les pores
et c’est moins et plus beau
que la pureté du vide
Nos tiges sont des printemps qui souffrent
Nos voix éprouvent et commissionnent l’air
mais le grand palais des parcs
attise un recel de destins
L’architecte des jardins
invente
Juste apprise d’un dépassement
infiniment plus grande qu’un rapport à vivre
et aussi juste que la promesse
La fleur
le mouvement de la célébration
Arbre
la chose aimante
qui élève
Eau
le labeur propre de couler
Percevoir est une éternité physique
chaque instant de la peau
sur la mamelle élargie
de vivre
Le mouvement ralenti
des jardins
écrit
avec les mêmes mots
ouvre des masses futures
qu’il ne verra pas
Et nos yeux contemplent
le suffisamment dressé
pour faire de nos corps
la mesure d’un renversement
Qui parle d’appel dans le silence ?
Les petits entendants de la nature
ont perdu le chant brut
L’ignorance est téméraire
et donne
dans le cri de colère ou de menace
l’effacement d’une petitesse
La beauté est plus étrange que la mort
Elle sourit par absence
la fenêtre sol
sur un frais mourir
qui pousse
Tita Reut
7 janvier 2005